"Je suis heureux de voir que mes enfants ne vivent pas les mêmes limitations économiques auxquelles j'ai été confronté. Leur vie est meilleure, remplie de sourires."
Je suis né dans un village au Gyanyar, très connu pour sa légendaire tradition de sculpture du bois. C'est pratiquement une population de sculpteurs qui vend tant au pays qu'à l’étranger. Malheureusement, je n'ai pas pu participer à cette tradition de sculpture parce que mes parents étaient très pauvres. Je suis le sixième de sept enfants, et c’était difficile de pourvoir à tous nos besoins. J'ai donc du travailler de très tôt comme servant domestique alors que d'autres enfants jouaient et allaient à l’école. Je devais me lever de très tôt et travailler jusqu'à tard la nuit. Mon seul rêve était de devenir sculpteur.
Pendant que je travaillais comme serviteur, j'ai observé comment les autres créaient une sculpture et obtenaient une belle finition. Avec la crise économique de 1991, j'ai été renvoyé, donc j'ai commencé à sculpter. J'ai hypothéqué les bijoux en or de ma femme et avec l'argent, j'ai été capable de commencer à travailler pour mon compte. J'utilisais le bois d'albizia au lieu du bois de suar, de l’ébène et du bois de santal puisque je ne pouvais pas me les procurer.
Personne ne m'a jamais appris à sculpter; j'ai du apprendre par moi-même. J'ai cherché des opportunités d'affaires en cherchant qu'est-ce qui était en demande et qu'est-ce qui ne l’était pas; ça m'a aidé à survivre comme artiste. J'ai pu donc prendre du mieux dans beaucoup de techniques de fabrication et de finition.
Je pense que je peux faire la compétition avec les autres artisans. J'y crois et ma femme m'appuie aussi. Avec une forte volonté et beaucoup de prière, Dieu nous a finalement aidés et nos affaires ont commencé à grandir. A partir d'un seul petit espace qu'on louait, on a pu acheter le terrain et maintenant nous avons notre propre atelier, même si celui-ci n'est pas trop grand.
Je tire mon inspiration pour cultiver cette activité d'une rencontre avec un vendeur de sculptures. J'en ai acheté une et j'ai commencé à penser aux façons de l’améliorer.
Ce que j'aime le plus dans cet art c'est le processus de coloration, alors que la partie la plus difficile est la finition pour s'assurer que la sculpture paraisse belle et naturelle.
Mes amis me désignent souvent comme une personne honnête et laborieuse qui aime sa famille. Je suis un père aimant de trois enfants, et deux d'entre eux m'aident à poursuivre ma vision alors que ma plus jeune fille est encore au collège. Je suis heureux de voir que mes enfants n'ont pas à vivre les mêmes précarités économiques auxquelles j'ai été confronté. Leur vie est meilleure; remplie de sourires.
Quand ma femme a accouché de notre premier enfant, j’étais tellement emballé que je me suis empressé d'aller enterrer le cordon ombilical chez nous, comme c'est la tradition ici. De retour à la maison, mes parents m'ont demandé quel était le sexe du bébé, et j'ai répondu "je ne sais pas!" J’étais tellement content que j'ai oublié de demander le sexe de mon nouveau-né. A chaque fois que je me rappelle cette histoire, je souris. Quel perdu!
Oeuvre de Made Pastika: